Les esprits perdent leur objectivité
Un excellent exemple est celui de Jean-Christophe Victor, auteur de l’émission hebdomadaire d’arte : Le Dessous des Cartes. Alors même que ses prestations en matière de politique se sont toujours avérées de haut niveau, son irruption dans le domaine de l’éco-démo-futurologie s’est soldée par un fiasco monumental, au point que la vidéo parue sur Youtube a été définitivement retirée par la chaîne.
On peut vérifier dans son script, sauvegardé par un Internaute, que le commentateur commet une incroyable erreur de raisonnement, comme s’il devait à tout prix rassurer les téléspectateurs quant à l’évolution démographique à venir, ou se rassurer lui-même.
Il fait en substance le raisonnement suivant : « les chiffres montrent que l’empreinte écologique a augmenté le plus dans les pays développés, où la démographie a augmenté le moins ; la croissance démographique ne constituerait donc pas une menace pour l’écologie planétaire».
L’erreur est criante du simple point de vue logique : le fait que l’empreinte écologique puisse augmenter dans une population qui s’amenuise n’exclut aucunement qu’elle puisse également augmenter dans une population qui s’accroît ! Elle a au contraire toutes les raisons d’augmenter plus vite lorsque le nombre des individus augmente en même temps que se développe leur mode de vie…
L’aggravation de l’empreinte écologique dans les pays développés prouve simplement que cette aggravation provient d’autres facteurs : ici la poursuite d’un progrès toujours plus nocif pour l’environnement. La chose devrait plutôt inquiéter : elle démontre clairement que l’accès au progrès n’exclut pas une avidité croissante de progrès encore plus nocifs pour l’environnement. Donc, une fois que toutes les nations du monde auront accédé aux mêmex progrès que les Occidentaux, la course ne sera pas terminée et l’empreinte écologique par individu ne manquera pas de continuer…
Il est bien évident que, plus l’humanité aura proliféré, plus l’empreinte écologique individuelle multipliée par le nombre d’individus sera grande. Le fait que les nuisances à l’environnement puissent augmenter en-dehors d’une croissance démographique n’implique en aucun cas qu’elle doivent décroître en présence de croissance démographique. Bien au contraire, elles ont dans le second cas deux raisons de s’aggraver : une fois par l’effet du développement des habitudes, et une fois par l’effet du nombre croissant de prédateurs-pollueurs !
Jean-Christophe Victor a donc raisonné à l’inverse exact du bon sens : arguant qu’une aggravation de l’empreinte écologique s’observe dans un cas où la population décroît, il en a conclu que la croissance démographique n’aurait en soi aucun effet nuisible. Ce serait dire qu’il vaut mieux rouler plus vite pour économiser du carburant parce qu’on a constaté que le moteur consomme davantage lorsqu’on roule plus lentement, en oubliant que cette constatation s’est faite à la montée…
Qu’un économiste et politicien distingué en vienne à se fourvoyer à ce point démontre au moins une chose : les raisonnements ne sont pas nécessairement fiables lorsqu’il s’agit de sujets stressants comme peut l’être l’avenir de la planète et de l’humanité, même dans la bouche des plus grands spécialistes.
Le fait qu’ils aient largement oublié le facteur sexualité ne nous autorise donc aucunement à prolonger l’omerta…