Véritablement réduire les nuisances

Entre les beaux discours des politiques et la réalité des faits, le fossé est grand.

Il y a une dizaine d’années, la raréfaction du pétrole et l’augmentation du prix du baril avaient poussé les constructeurs automobiles à accélérer le développement des véhicules électriques. La Californie comptait jouer les pionniers dans le développement de la filière hydrogène. De nombreux pays envisageaient des mesures draconiennes pour faire régresser les émissions de gaz à effet de serre. Quels sont les résultats concrets de ces belles envolées ?

Les émissions de CO2 ont battu leur record en 2011. Selon l’Agence internationale de l’Énergie, la hausse de la demande mondiale de pétrole a été de 1,7% en 2010, avec une demande de 87,4 millions de barils par jour (Mbj), soit 1000 barils chaque seconde ! Ou encore : 10 millions de tonnes par jour. On estime que la consommation doublera d’ici 2050…

La population mondiale consomme entre 3 et 4000 milliards de mètres cubes de gaz naturel chaque année, et cela ne va qu’augmenter. De nombreux pays s’attellent à la production de méthane à partir de l’hydrate de méthane retenu sous le pergélisol ou sous les fonds marins, qui prendra le relais avec un stock 100 fois supérieur au stock de gaz naturel. De quoi aggraver le réchauffement climatique sur un bon siècle…

De même dans les autres domaines de la pollution. Il ne reste dans bien des pays qu’un faible pourcentage des colonies d’abeilles et on continue à mettre sur le marché des insecticides qui attaquent le système nerveux des insectes, tout en trompant les consommateurs sur leurs nuisances réelles…

Pour l’instant, les hommes ont plus soif d’argent, de confort, de pouvoir, que de respect de la nature, de ses beautés et de ses bontés, voire, que d’espoir de survie pour les générations futures. Les développements technologiques et industriels sont une résultante de ces appétits omniprésents et résistent à toutes les efforts que les milieux sensibilisés peuvent fournir pour freiner ou inverser le mouvement. Des paroles de Cousteau, vieilles de bientôt un demi-siècle, ne reste qu’un vœu pieux et lointain, servant plus de rengaine aux écologistes que de moteur à des mesures concrètes. On ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif…

La voie que propose l’écogénétique humaine consiste à rechercher pourquoi l’âne n’a pas la soif qui lui permettrait de voir les réalités en face. Pourquoi avons-nous a priori l’impression que les ennuis seront pour les autres ou pour un futur éloigné qui ne nous concerne pas, alors qu’ils sont patents ? Que la catastrophe se déroule déjà sous nous yeux ? Pour quelle raison l’humanité a-t-elle perdu cette dimension spirituelle qui portait les anciennes sociétés à respecter la nature et à protéger leurs ressources ?

Nous sommes agités par une fièvre faite d’illusions matérialistes, victimes d’une fuite en avant telle que seule la croissance, donc la possession d’objets toujours plus sophistiqués, luxueux et éblouissants de technologie, peut encore nous donner l’impression d’exister. Ce sont ces forces psychologiques, pour l’essentiel inconscientes, qui mettent systématiquement les meilleures résolutions en échec et vident les prises de conscience écologiques de leur contenu.

Le seul moyen de lutter contre des forces de cette nature et de cette puissance est d’en débusquer les origines, afin d’agir au niveau des causes premières. Une prise de conscience a de tout autres effets lorsqu’elle intègre les racines du phénomène dont on est victime. Savoir que nos comportements ont telle ou telle conséquence sur l’environnement, c’est une chose. Mais une perception plus claire des mécanismes profonds dont nous sommes les jouets sauront, espérons-le, nous rendre une capacité et une volonté de libération dignes de ce que devrait être un être humain.