Autres espèces vivantes

Les déséquilibres écologiques surviennent lorsque certains facteurs nouveaux dépassent les capacités d’adaptation des acteurs de l’écosystème.

Exemples : la plupart des insecticides de synthèse dépassent les limites d’adaptabilité des abeilles et autres pollinisateurs, et ont pour conséquences de graves atteintes à la biodiversité. La pêche intensive met à mal la capacité de reproduction des espèces marines, elles aussi déterminées génétiquement. Nos méthodes d’agriculture intensive et nos productions industrielles génèrent un nombre incalculable de dépassements du même ordre qui ont pour conséquence l’impasse écologique en cours.

À ces évidences, l’écogénétique humaine ajoute une hypothèse de travail, « dite principe d’écosymétrie des nuisances » : toute activité humaine qui transgresse les limites d’adaptabilité des plantes et des animaux avec lesquels l’homme est en équilibre (ou devrait l’être) risque aussi de transgresser ses propres limites d’adaptabilité. En d’autres termes : ce qui porte atteinte à la santé des autres espèces vivantes risque également de porter atteinte à la santé de l’homme et, réciproquement : ce qui porte atteinte à la santé de l’homme risque de porter atteinte à la santé des espèces environnantes. Chaque maladie humaine peut ainsi mettre sur la piste de certains comportements nuisibles pour l’environnement, et chaque désordre environnemental peut renvoyer à un facteur susceptible d’être pathogène pour l’être humain.

Cette mise en équation peut paraître naïve. Elle découle pourtant des lois de la co-évolution. Pendant qu’une espèce évolue, son environnement évolue également. Chaque modification du comportement de l’espèce se répercute sur son environnement, et chaque modification de l’environnement se répercute sur l’évolution de l’espèce. Il en résulte un équilibre lié aux interactions entre l’espèce et son environnement, en d’autres termes : un équilibre écogénétique.

Il y a dès lors de nombreuses chances pour qu’un nouveau facteur qui altère cet équilibre général nuise aussi bien à l’espèce qu’à son environnement. C’est par exemple le cas des pesticides. Ils sont nuisibles à la fois pour l’environnement et pour l’homme. Lors de leur introduction, on ne prenait en compte que leur effet positif sur les rendements agricoles. Certaines personnes s’enduisaient le corps entier de DDT pour lutter contre les moustiques… Le principe d’écosymétrie des nuisances aurait permis de se douter qu’ils allaient avoir des répercussions négative sur la santé humaine, comme sur les parasites des plantes, et du même coup sur d’autres insectes.

La même question se pose à propos de tout artéfact. L’alimentation humaine, par exemple, est basée sur la consommation des céréales. La culture des céréales est à long terme nocive pour le milieu, vu qu’elle détruit la couverture arboricole, provoquant l’érosion des sols ; serait-elle également plus nocive qu’il n’y paraît pour la santé humaine ? On aurait pu s’en douter, en vertu du même principe, bien avant que les épidémies d’obésité, d’allergie au gluten, de maladies de Crohn ne viennent semer le doute sur les vertus de Déméter…

La production de lait et de viande épuisent des surfaces gigantesques, on connaît les nuisances du surpâturage ; la consommation du lait animal et des produits laitiers aurait-elle par écosymétrie des effets nuisibles sur nos organismes ? Certains commencent aujourd’hui à dénoncer les nuisances du lait. S’ils ont raison, il y a longtemps que la chose aurait pu être prévue. Quant à la consommation de viande : les quantités actuellement consommées sont-elles réellement utiles ou nécessaires à l’organisme humain ? Les montagnes pelées par l’élevage des moutons pourraient avoir pour symétriques des pathologies liées à la surcharge en protéines animales. De même pour la surpêche : est-il naturel pour l’homme de consommer de grandes quantités de poisson, notamment de poissons pélagiques ? Là aussi, certaines pathologies humaines pourraient faire pendant aux préjudices causés aux écosystèmes marins.

Les réponses que l’on fait habituellement à ces questions se calquent sur l’adage : ce qui fait le malheur des uns fait le bonheur des autres. Il faut bien prélever des ressources dans la nature pour assurer notre survie, même si ces prélèvements entraînent un préjudice environnemental. Cette optique simpliste recouvre une profonde ignorance des exigences réelles du corps humain et de la complexité des équilibres écosystémiques.

Une meilleure connaissance des causes premières des maladies humaines pourrait nous mettre sur la piste de facteurs de désordre