Ecogénétique humaine

Pourquoi la dénomination « Écogénétique humaine » ?

Le terme « écogénétique » réunit écologie et génétique. Il s’agit effectivement d’étudier les rapports entre les données génétiques de l’espèce et les données de l’environnement.

L’action d’une espèce a toujours un impact sur l’environnement, et les variations de l’environnement agissent en retour sur les données de l’espèce. Celle-ci doit s’y adapter soit dans l’immédiat, soit à plus long terme à travers une modification de son patrimoine génétique. L’axe directeur de l’écogénétique ainsi comprise est la co-évolution, c’est-à-dire l’influence réciproque des modifications du milieu et des modifications génétiques.

La notion d’écogénétique est utilisée sous forme d’adjectif pour caractériser l’étude de l’influence des différences entre biotopes sur la répartition géographique d’une espèce. On trouve aux USA le terme « human ecogenetics » utilisé en médecine (comme synonyme de « pharmacogénétique »), pour désigner les recherches sur les doses supportables de médicaments en fonction des différences génétiques entre individus (le médicament est considéré comme un facteur environnemental, d’où le préfixe « éco »).

L’environnement pris ici en considération réunit le milieu physique (nature, villes, habitat, climat, pollution etc.) et l’environnement culturel (relations sociales, contraintes culturelles, morale, religions, consumérisme). Ces deux classes d’influences ont des effets complexes sur le psychisme humain, notamment sur la structuration psychique qui s’effectue dans l’enfance. Il faut également prendre en compte les feed-backs, toujours difficiles à prévoir : l’état psychique modifié peut déterminer de nouvelles transformations aussi bien de l’environnement matériel que de l’environnement culturel. Puis ces transformations peuvent prendre de l’ampleur et influencer à leur tour l’état psychique des populations. L’histoire des civilisations s’écrit ainsi par cascades successives, jusqu’à leur disparition.

L’action de l’homme moderne sur l’écosystème planétaire est de loin plus violente et multifactorielle que celles de toutes les espèces animales réunies et de toutes les civilisations antérieures. Nous pouvons facilement provoquer des dommages irréversibles, compromettant la pérennité de l’environnement et mettant des espèces en danger – dont la nôtre. il est donc plus important que jamais d’identifier les dysfonctionnements psychiques qui peuvent nous pousser à des comportements éco-destructeurs ou nous faire négliger l’importance majeure d’un environnement préservé, gage irremplaçable de survie pour les générations futures.

L’écogénétique humaine propose de rechercher prioritairement parmi les tendances innées ou acquises propres à l’homme civilisé les facteurs responsables des multiples désordres et souffrances qui affectent notre civilisation, ou en ont affecté d’autres avant nous. Une fois ces facteurs clairement établis, la prise de conscience des causes profondes des « erreurs éco-suicidaires » de l’espèce humaine ne pourra que favoriser les changements de comportement qui doivent impérativement gagner les grands nombres.