Empêcher les pays en voie de développement d’accéder au mêmes avantages
C’est une question de justice et de bon sens. Comment interdire à nos frères humains moins favorisés de bénéficier des mêmes avancées que nous ? Nous avons tout fait pour les convertir aux bienfaits de la culture occidentale. Ils ont largement épousé nos valeurs et notre forme de progrès. Ils sont en droit d’en retirer les mêmes avantages.
Nous les avons honteusement exploités pendant des siècles de colonialisme, ce sont eux maintenant qui nous colonisent économiquement, en inondant nos marchés de produits défiant les lois de la concurrence. Pour sauver notre industrie, nous devrions renoncer à nos niveaux de salaire et de protections diverses.
Nous voilà donc échec et mat. Notre puissance industrielle menace de s’effondrer, soit que nos parts de marché se ratatinent désespérément, soit que nous devions nous contenter de salaires de misère. La seule issue possible, c’est que les travailleurs de ces pays en cours de développement deviennent rapidement aussi gourmands que nous en salaires et en conditions de travail. Les prix de leurs exportations grimperaient et nous pourrions faire face.
Mais cela signifie que, pour éviter l’effondrement économique et ses conséquences désastreuses, nous devons espérer qu’ils se mettent à consommer autant que nous. Donc à polluer et surexploiter la planète autant que nous. Là encore, nous sommes échec et mat : il nous faut cette fois choisir entre la fin de notre économie et la fin de notre biotope…
Pour compliquer le tout, l’exponentielle démographique se charge de multiplier les consommateurs-pollueurs au point que, d’ici quelques générations, dix ou vingt planètes ne suffiraient pas. Les technologies vertes ne parviendront jamais à compenser cette fatale évolution. L’impasse est totale.
Que pouvons-nous faire pendant le temps qui nous reste pour agir ? Intervenir sur TOUS les tableaux :
– développer au plus vite les technologies et les sources d’énergie renouvelables, afin de limiter l’empreinte écologique individuelle au minimum,
– déterminer les mécanismes psychologiques et psychopathologiques qui nous rendent dépendants de notre forme de progrès et le rendent contagieux, afin d’éradiquer autant que possible les faux besoins,
– mettre au jour les mécanismes sociopsychologiques et psychosexuels susceptibles d’influencer les taux de naissance.
Encore faut-il que ces éléments soient intégrés par toutes les populations du monde. Il reste donc une quatrième tâche, et non des moindres : amener tous les usagers de la biosphère à prendre conscience des rouages cachés du système délétère dont nous sommes prisonniers, y compris les milliards d’aspirants-consommateurs qui rêvent de s’en faire à leur tour les victimes consentantes…
Ces mesures sont difficiles, mais infiniment plus efficaces que les discours contradictoires, tantôt apocalyptiques, tantôt faussement optimistes, dont on bombarde le public et qui ne peuvent instituer qu’une conscience écologique de surface. C’est en remontant aux causes profondes de la conjoncture actuelle qu’on pourra créer un authentique mouvement de sauvegarde de la planète.