Entachent notre civilisation

Tous les mythes semblent indiquer que nous aurions perdu un paradis originel : s’agissait-il d’un environnement paradisiaque, comme peut l’être la nature lorsqu’on la respecte ? D’un état d’être qui aurait été celui de nos ancêtres, et qui devrait être le nôtre ? Ou les mythes nous indiquent-ils un état vers lequel nous devons tendre pour assurer un sens à notre existence ? Ces questions, ontologiquement fondamentales bien qu’assez hermétiques à une approche scientifique, méritent d’être examinées de près.

Quoi qu’il en soit, rien ne permet d’affirmer que l’état physique et psychique qui est le nôtre et que nous croyons normal corresponde aux préfigurations inscrites dans nos données génétiques. Les mécontentements qui traversent très systématiquement notre forme de culture, et qui s’expriment par toutes sortes de comportements destructeurs, pourraient être une protestation inconsciente contre des conditions de vie et un état d’être qui sont en désaccord avec notre nature profonde. Ces poussées sont d’autant plus fortes que nous sommes incapables de verbaliser les facteurs ou les erreurs qui génèrent le mal-être général. Nous sommes loin de savoir analyser les causes profondes des frustrations, des conflits internes et de tout ce qui nous met en désaccord avec nos aspirations innées.

La destructivité que notre société manifeste contre l’environnement pourrait dériver, au moins en partie, de forces inconscientes tendant à dénoncer, voire à détruire un système ressenti comme responsable de la perte du sens de l’existence propre à notre société matérialiste. Réciproquement, la menace d’un désastre écologique irréversible, bien que conséquence de cette destructivité, pourrait nous amener à remettre en question l’ensemble du système réductionniste dont nous sommes tributaires. Cela non seulement sur le plan matériel, purement écologique comme on le fait généralement, mais en remontant aux mécanismes subtils qui obscurcissent la conscience que nous avons du sens de l’existence.

En d’autres termes : la menace d’un désastre écologique serait paradoxalement notre planche de salut sur le plan spirituel…