Les exigences du milieu naturel

Les organismes vivants ont tous besoin de conditions bien précises pour pouvoir se développer correctement. Chaque espèce a besoin d’une palette alimentaire particulière, certaines nécessitent une grande plage alimentaire, comme les chimpanzés, d’autres se contentent d’un aliment unique, comme le koala qui ne digère que des pousses de certaines variétés d’eucalyptus. Certains organismes savent se nourrir de bois, par exemple les larves de certains coléoptères, alors que les lichens se contentent de roche.

Ces spécificités dépendent des caractéristiques du métabolisme de chaque espèce, qui comme d’autres caractères, sont principalement déterminés par la génétique et son long passé évolutif. Chacune s’est adaptée à un certain ensemble de nutriments. Il est clair que ni la pierre, ni le bois, ni même l’eucalyptus ne sont des aliments qui correspondent aux exigences de notre système d’assimilation humain…

Les enzymes digestives ne sont pas capables de transformer toutes les molécules alimentaires existantes. Pour que le bilan énergétique de l’assimilation reste positif (c-à-d pour que l’organisme ne perde pas plus d’énergie à digérer que celle qu’il retire de ses aliments), la proportion de molécules assimilables doit dépasser une certaine limite. Imposer à un organisme des aliments pour lequel il n’est pas programmé par son génome peut avoir toutes sortes de conséquences funestes, de la difficulté digestive jusqu’à la maladie et la mort.

L’équilibre écologique est optimal lorsque toutes les espèces présentes dans le biotope y trouvent les aliments qui leur conviennent au mieux. La biodiversité n’est pas une notion éthique ou esthétique : la présence d’une variété suffisante d’êtres vivants se nourrissant les uns des autres est indispensable si l’on veut que le milieu conserve son harmonie et son intégrité. Des accidents climatiques, des coupes forestières, des monocultures peuvent dégrader un écosystème très irréversiblement.

L’espèce humaine est malheureusement la principale responsable de ce type d’accidents de parcours. Elle aura bientôt détruit l’équilibre écologique primitif sur toutes la surface de la planète, à moins qu’un coup de frein salutaire ne soit donné pour sauver les restes. La question qu’il faut se poser, avant de chercher des solutions de fond, est de savoir quels sont les facteurs psychologiques qui sont à l’origine de cette situation. Pour quelle raison les exigences du milieu naturel occupent-elles si peu de place dans la conscience de l’être humain ? Cela tient-il aux caractéristiques innées de la nature humaine, ou au contraire à certaines distorsions induites par la culture ou autres facteurs de perturbation ?

Une fois ces causes mieux connues, une prise de conscience universelle sera possible, chacun comprenant en termes clairs et simples les raisons qui poussent les hommes à faire passer leurs exigences propres avant les exigences du milieu naturel, et à oublier qu’il en va de la survie de l’espèce et de son biotope. Espérons que l’écogénétique humaine saura mettre le doigt sur les causes premières de cette sinistre évolution, qui fait peu à peu disparaître toutes les beautés naturelles et toutes les sources de vie…