Indifférence aux conséquences écologiques de nos actes
Chacun est partagé entre le souci de ne pas nuire à l’environnement, et le souci de ses propres intérêts. Les forces individuelles se retrouvent comme une sorte d’intégrale, ou de sommation, au niveau de l’humanité tout entière. L’équilibre entre les deux forces opposées déterminera l’avenir de la planète.
il est donc urgent de s’interroger sur la teneur de ces deux tendances. On constate par exemple que de nombreux campeurs ou pique-niqueurs laissent traîner leurs détritus en pleine nature, dans la plus parfaite indifférence. il est pourtant évident que les prochains usagers de l’endroit le trouveront défloré et que cela leur porte un certain préjudice. On peut s’étonner qu’après toutes les campagnes médiatiques qui ont popularisé la volonté de propreté, le processus continue dans une très large mesure.
De deux choses l’une : ou bien il s’agit d’une indifférence à la propreté et à la beauté de la nature. Ou bien d’une jouissance sadique à nuire aux autres et au milieu naturel. Les deux attitudes peuvent d’ailleurs se combiner : celui qui se montre indifférent à la nature peut fort bien en vouloir quelque part à celui qui la respecte, par exemple si le respect manifesté par les autres le culpabilise d’être trop paresseux pour emporter ses déchets.
L’indifférence pourrait aussi cacher une certaine peur, voire une haine de la nature, que Shepard mettrait volontiers en rapport avec l’avènement de l’agriculture et l’image d’un monde sauvage devenu soudainement destructeur. Le paysan craint les orages et les inondations, le pasteur l’assaut des bêtes sauvages contre son troupeau. La forêt qui était autrefois la mère nourricière s’est muée en lieu de danger et de perdition. Les traces de ces transformations que nous charrions encore dans nos inconscients semblent pourtant bien ténues.
Quels qu’ils soient exactement, les facteurs déterminants sont d’ordre psychologique. Si l’on veut comprendre le processus, il nous faut remonter aux origines profondes des comportements défectueux. C’est à ce niveau qu’une prise de conscience générale pourrait changer la donne…