Les moteurs inconscients

Nos motions conscientes nous paraissent déterminantes. Nous avons l’impression de pouvoir décider librement de nos destins, de nos actions, de nos choix. Il faut un véritable travail d’exploration intérieure pour constater que l’inconscient sous-tend toute notre activité psychique, et même très largement notre libre arbitre. C’est dans ces régions inaccessibles que se nichent les pulsions souvent inavouables, les racines de l’avidité et de l’égoïsme, les angoisses, les dégoûts, les appétences en tous genres qui tirent les ficelles de notre vie consciente.

Le psychisme humain, comme celui de l’animal mais à un degré de complexité nettement supérieur, est organisé de manière à fonctionner de manière adaptée à l’environnement matériel et social. Chaque fois que survient un heurt, un conflit, une déception, il y a lieu de rechercher en soi les causes de la disharmonie. Ceci n’est évidemment possible qu’à travers une exploration systématique de nos motions inconscientes. D’où le lien étroit entre écogénétique humaine et psychanalyse.

C’est dans l’inconscient que s’inscrivent toutes les distorsions psychiques induites dès le plus jeune âge par l’éducation, les contraintes scolaires puis sociales, les événements douloureux. Les blessures et les traumatismes s’expriment le plus souvent très indirectement, au travers de toutes sortes de décalages temporels, circonstanciels ou symboliques. Il n’est pas facile d’établir les liens avec les altérations comportementales qui en découlent. L’analyse est encore plus difficile lorsqu’il s’agit de distorsion communément répandues. Les altérations comportementales finissent par s’intégrer dans les mœurs et plus personne ne s’en inquiète.

Les activités anti-écologiques qui se sont multipliées dans notre forme de civilisation sont indubitablement en rapport avec des motions inconscientes qui nous poussent à rechercher le confort, l’avantage, la facilité, la sécurité, la possession, le pouvoir. Les motions conscientes sont connues de tous, mais rien n’a permis à ce niveau de résoudre le problème. S’il reste un domaine où règne encore l’obscurité, et où peuvent se dissimuler toutes sortes de troubles sources de dérives comportementales, c’est bien l’inconscient. À nous d’apprendre à ne plus en être les esclaves ni les victimes…