Le niveau culturel et l’accès aux contraceptifs n’expliquent pa tout
Des parents plus cultivés, conscients des mécanismes de la fécondation, sont certainement mieux en mesure d’éviter des conceptions accidentelles. C’est pourquoi on peut certainement miser sur une meilleure éducation pour freiner l’explosion démographique.
Plusieurs bémols pourtant :
1. L’éducation va de pair avec l’accès au progrès. La multiplication des contacts culturels amène inévitablement l’envie de partager les avantages des pays développés. Les progrès en matière d’éducation provoqueront donc conjointement une explosion de la consommation, dont la planète fera les frais bien avant que le coup de frein au taux de natalité ne se soit traduit par une réduction de la population.
2. L’enjeu indispensable n’est pas de freiner la croissance démographique ou de l’annuler, mais de réduire la population mondiale à une valeur supportable par la planète. Une meilleure éducation inciterait l’individu à prendre conscience du danger que représente la surpopulation. Mais entre cette prise de conscience et la détermination de réduire le nombre de ses propres enfants, le fossé est énorme. Imposer aux reproducteurs potentiels un seul enfant par famille provoquerait d’énormes réactions populaires.
3. Toute décroissance démographique (même une stabilisation) est une menace pour l’économie, donc pour la politique et la société tout entière. Elle passe inévitablement par un vieillissement de la population, un manque de main d’oeuvre, une charge de travail accrue pour les jeunes chargés d’assurer les retraites des anciens, une diminution de la consommation, des crises économiques, avec tous les troubles sociaux que cela peut entraîner.
4. Dans de nombreux pays, où la religion est plus prégnante qu’en Occident, le « croissez et multipliez » reste d’actualité. Une meilleure éducation (religieuse) et un plus haut niveau de vie (provisoire) auront pour effet synergique de pousser à la procréation, par exemple au nom du respect intégral de la vie, ou dans le but de transmettre ces valeurs religieuses au reste du monde. Sans compter l’esprit kamikaze de ceux qui obéiront aveuglément aux commandements des Écritures, sûrs qu’ils ne peuvent être que bénéfiques en toute circonstance…
Même dans nos pays occidentaux, où l’éducation est particulièrement développée, l’idée d’une régression démographique est rédhibitoire. Les spécialistes, face à la moindre dénatalité, parlent de « crash » démographique. Tout recul de la population reste perçu comme une forme de déshonneur national. L’honneur du père et l’image de la mère féconde sont omniprésents. Un couple sans enfant est malheureux, sinon décrié, alors qu’il faudrait l’inverse pour sauver le monde.
L’Église y rajoute son grain de sel, encore toute au commandement de la Genèse et imprégnée de la valeur absolue de la vie humaine. Exemple : l’ouvrage de M. Schooyans, professeur émérite à l’Université de Louvain, Le crash démographique. Vous y trouverez toutes les bonnes raisons de prolonger la prolifération de l’espèce, et en contrepoint l’énumération des conséquences dramatiques du déclin démographique. La solidarité et l’amour du prochain doivent nous amener à un véritable « plan d’action » pour la vie…
Alors qu’aujourd’hui, le respect de la vie ne peut passer que par la décroissance démographique. L’éducation est sans doute indispensable, mais pas n’importe quelle éducation : celle qui prendrait en compte les risques réels encourus par l’environnement et les générations futures, et qui apporterait une connaissance plus précise des mécanismes sous-jacents au taux de fécondité. Parmi lesquels les mécanismes psychosexuels.