Perversion
Il faut distinguer la perversion définie par la psychiatrie, qui tient plutôt de la perversité, c’est-à-dire d’une satisfaction à faire souffrir autrui, et la perversion telle que l’entend la psychanalyse.
Pour Freud, elle n’est finalement que l’effet d’un Surmoi trop faible, qui laisse le sujet réaliser ses pulsions sans égard aux interdits imposés par la culture. Le Moi s’en trouve fort bien, et les seules complications qu’elle entraîne sont d’ordre social. On voit difficilement un rapport entre cette configuration psychique et une haine ou une indifférence à la nature. On pourrait théoriquement plutôt s’attendre au contraire : au rejet de certaines normes sociales qui participent du consumérisme…
La destruction de l’environnement semble plutôt en rapport avec la perversité : laisser un coin de forêt ou de plage qui respiraient la beauté jonché de détritus qui le dépareilleront pour des années, c’est à la fois nuire à la nature et nuire à ses semblables. Cela ne se fait pas sans une certaine mauvaise conscience, et celle-ci ne peut être rejetée que si l’on ressent une certaine satisfaction : une forme de vengeance, d’indifférence affichée, d’expression d’un mal-être, à laquelle est associée un plaisir malsain. C’est la définition même de la perversité.
Celle-ci peut aussi intervenir dans les relations interindividuelles et contribuer à la dépendance du consumérisme. L’individu qui se sent agressé dans son milieu professionnel, parfois dans sa famille, a tendance à chercher des compensations. Le harcèlement est omniprésent, et tient de la perversité : faire du mal et jouir de la souffrance de l’autre. L’une des compensations est une action en justice, mais le phénomène social est généralement trop larvé pour permettre une action consciente. Reste la fuite dans le prochain caddy, avec ses promesses de gourmandises et de gadgets, et sa contrepartie de pollution.
Le perversion offre donc un champ d’exploration de plus si l’on entend passer en revue toutes les causes psychologiques possibles de la spirale écologique…